Dossier Autres regards et savoirs, mouvements, théories et pratiques sociales, culturelles et muséales Soumission jusqu'au 30 avril 2025 Organisé par Diogo Jorge de Melo (UFPA - Faculté des arts visuels et Programme de troisième cycle en villes, territoires, identités et éducation). Maria Terezinha Resende Martins (Ecomusée de Belém, Département municipal de l'éducation et de la culture-SEMEC-Belém/PA). Álvaro Campelo Martins Pereira (Université Fernando Pessoa - Centre du réseau de recherche en anthropologie). André Villa (Université Paris 8 - Département de musique - Laboratoire Musidanse). Lorsque nous nous référons à d'autres regards, aux savoirs de l’autre, nous les comprenons comme la constitution de pratiques et d'exercices épistémiques réalisés en faveur de la complexité de la diversité culturelle. Une diversité abordée ici comme un agent dans la lutte contre le système monde[1], contextualisant ainsi les structures des différentes formes de colonialité [colonialidade] comme un modèle monologique référencé. En ce sens, Britto, Melo et Monteiro (2023), à la recherche de différentes manières de penser et de comprendre le « devenir autre », parlent de possibilités muséales. Leur approche, auquel nous faisons ici résonance, s’adresse en particulier au contexte amazonien et songe à établir un futur « reconnaissant des potentialités et, surtout, des singularités viables pour ledit phénomène muséal » (p.45). À cet égard, le présent volume de Margens cherche la diversité de positions critiques sur les structures coloniales et impérialistes, s’intéressant notamment à celles qui peuvent nous apporter des nouvelles possibilités épistémiques. Nous évoquons ainsi le mouvement en tant que multiplicité d’actions qui brisent l'inertie et cherchent des transformations dans le devenir des possibilités. Surtout si nous l’appliquons aux perspectives décoloniales lesquelles nous pouvons considérer comme des mouvements serpentins – dans une analogie avec la mythopoïétique du grand serpent qui provoque des tremblements de terre dans de nombreuses villes amazoniennes. Des sinuosités, des enchevêtrements et des constrictions qui nous amènent à un lieu d'instabilité tout en nous permettant de nous déplacer dans différents environnements, vu que les centres et les marges sont ainsi toujours ébranlés par le mouvement, même si cela peut se passer de différentes manières entre l’un et l’autre. Ce dossier vise ainsi problématiser les différentes relations entre les visions colonialistes et impérialistes avec le processus décolonial, en explorant et proposant des regards multiples sur ces structures de pensée. Or c'est précisément en écoutant les voix des peuples autochtones et d'autres identités ethniques – tout comme les questions de genre et de race – que nous pensons pouvoir apprendre à comment s’en sortir de l’inertie via un mouvement non uniforme. Ainsi, dans une démarche d’ajouter des lieux de parole aux possibilités d'argumentation à propos de ce processus et promouvoir des débats critiques sur les processus de domination, un énorme éventail d’approches et de propositions est entrevue dans ce dossier de la revue Margens. Et principalement par le fait que ce périodique occupe une place sociale et académique différenciée, en étant fondé et hébergé notamment en territoire amazonien. Nous cherchons donc à élargir les questions des mouvements sociaux, en parcourant les méandres et les connaissances de pointe à établir sur la base de la pensée contemporaine, en recherchant des ruptures structurelles dans les sphères sociales, politiques, philosophiques et épistémiques. Il s'agit de propositions de dialogue avec des connaissances diverses et complexes, principalement autour de questions culturelles, de musées et d'autres circonscriptions pertinentes. Des circonscriptions que peuvent toucher les sphères artistiques, poétiques et esthétiques dans la recherche de possibilités d’écrits-vécus[3] (escrevivências), c'est-à-dire d'écritures pertinentes soit « à rebrousse-poil », comme nous le dirait Benjamin (1996), soit à partir d'un programme de désordre absolu, selon Vergès (2023). Nous recherchons ainsi de nouvelles façons de se penser les musées et les manifestations culturelles et institutionnelles qui s’établissent comme des propositions liées à la muséologie sociale, ainsi que les concepts de muséologie communautaire, amérindienne, quilombola, noire, ribeirinha, LGBTQIA+ et amazonienne, parmi d’autres nombreuses possibilités. Bien entendu, suivant cette dynamique de pensée plurielle, les contributions d'autres domaines de connaissance qui souhaitent partager leurs théories et pratiques seront également les bienvenues, que ce soit en termes de sciences de l'information, d'archiveologie, d'arts, de bibliothéconomie, de sciences sociales, d'éducation, d'histoire et de psychologie. Nous appelons à tout le monde à cette pratique réflexive avec la conviction que ce débat sera fertile et nous fournira des résultats très intéressants. Des textes qui pourront nous aider à rêver tout en contribuant à retarder la fin du monde, comme le dirait Krenak (2017). Selon nous, les musées et ses espaces connexes devraient être libres, critiques et politiques. En tant que lieux de possibilités, d'interprétations et de création d'autonomie, les espaces muséaux ne doivent point cautionner des stratégies de libération qui se répercutent dans la construction de nouveaux systèmes de domination. Références BENJAMIN, Walter. Magia e técnica, arte e política: ensaios sobre literatura e história da cultura. São Paulo: Brasiliense, 1996. Version en français : Sur le concept d’histoire, IX, 1940. Gallimard, Flolio/Essais, 2000. English Edition: On the Concept of History. In: Walter Benjamin: Selected Writings, Volume 4: 1938–1940. Cambridge, Massachusetts: Belknap Press/Harvard University Press, 2006. BRITTO, Rosangela; MELO, Diogo Jorge de; MONTEIRO, Lidiane da Costa. “Museu é o mundo”: um devir outro dos museus da Região Amazônica. In: BRITTO, Rosangela; MELO, Diogo; GOMES, Luzia; POLARO, João. Outras narrativas sobre museus: contribuições da Amazônia paraense para os debates sobre a nova definição de museu do Conselho Internacional de Museus (ICOM). Belém: Programa de Pós-graduação em Artes / UFPA, 2023, p.41-50. KRENAK, Ailton. Ideias para adiar o fim do mundo. São Paulo: Companhia das Letras, 2017. QUIJANO, Aníbal. Colonialidade do poder, Eurocentrismo e América Latina. In: A colonialidade do saber: eurocentrismo e ciências sociais. Perspectivas latino-americanas. Buenos Aires: Consejo Latinoamericano de Ciencias Sociales, 2005.
RIBEIRO, Djamila. O que é lugar de fala? Belo Horizonte: Letramento; Justificando, 2017.
SOARES, Lissandra Vieira; MACHADO, Paula Sandrine. "Escrevivências" como ferramenta metodológica na produção de conhecimento em Psicologia Social. Revista Psicologia Política, v.17, n.39, 2017, p. 203-219.
VERGÈS, Françoise. Programme de désordre absolu : décoloniser le musée. Paris: La Fabrique Editions, 2023. Versão em português: Descolonizar o museu: programa de desordem absoluta. São Paulo: Ubu Editora, 2023. English Edition: A Programme of Absolute Disorder: Decolonizing the Museum, London: Pluto Press, 2024.
________________________________________ [1] Concept du sociologue Immanuel Maurice Wallerstein, largement utilisé dans les études décoloniales (Quijano, 2005). [2] Concept développé dans le cadre du féminisme noir (Ribeiro, 2017). [3] Référence au concept de l'écrivaine Conceição Evaristo, basé sur le terme utilisé dans son livre « Becos da Memória ». Elle comprend que les histoires sont inventées lorsqu'elles sont racontées, même les histoires réelles, de sorte que l'acte d'écrire pour vivre signifie raconter des histoires qui se réfèrent à des expériences collectivisées, en intégrant l'auteur, le protagoniste et leurs marqueurs sociaux (Soares et Machado, 2017).
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